Depuis quelque temps déjà, les opposants au développement du gaz naturel au Québec affirment que le projet n’est pas rentable en raison des faibles coûts du gaz et qu’en conséquence, nous ne devrions pas aller de l’avant avec l’exploitation.
Ce raisonnement soulève la question suivante : si en réalité l’exploitation n’est pas rentable, alors pourquoi dépenser autant de temps et d’argent à s’y opposer? Pourquoi les opposants, après leur dure journée de travail, ne se reposent-ils en prenant une Coors Light?
Au lieu de cela, nous devons composer avec des études environnementales de trois ans, un deuxième examen du BAPE sur le point de commencer et un projet de loi qui propose un moratoire de cinq ans (mort au feuilleton avec le déclenchement des élections).
Le gouvernement a même imposé une hausse importante des droits de redevance annuels. Or, les opposants disent que l’industrie obtient des permis à rabais et qu’elle devrait payer plus (soit dit en passant, ils n’avaient jamais formulé cette revendication avant que nous découvrions des gisements).
En réalité, si le projet était vraiment si peu rentable, ne serait-il plus sensé de réduire les coûts? De toute évidence, quelqu’un doit penser que le projet est rentable. Sinon, pourquoi alourdir le fardeau de l’industrie?
Ce sont là beaucoup d’efforts déployés pour un projet qui n’ira pas de l’avant puisqu’il n’est pas économiquement rentable. Shakespeare aurait pu dire aux «bloqueux » « qu’ils protestent un peu trop ». Nous ne le contesterions pas à ce chapitre : il y a eu trop de protestation et pas assez de discussions rationnelles.
Le nouveau rapport environnemental exhaustif est un bon point de départ. Il confirme que les répercussions sur l’environnement peuvent être gérées efficacement par l’adoption des meilleures pratiques. Cependant, même ce rapport met en question la rentabilité du projet.
Si seulement quelqu’un pouvait me demander mon avis. Après tout, c’est l’argent de nos actionnaire qui est en jeu et c’est notre travail d’en comprendre les risques et les bénéfices.
Au Québec, la profondeur des trous de forage est deux kilomètres et demi de moins que ceux forés en Alberta. De plus, nous n’aurions pas à débourser pour transporter le gaz de part et d’autre du pays, car il sera déjà exactement là où nous en avons besoin, à proximité des utilisateurs québécois. Au Québec, nous pourrions toucher 6 $ par millier de pieds cubes, soit beaucoup plus que dans l’Ouest canadien. Cependant comme le gaz naturel au Québec est propre et sec, nous ne percevrons aucun revenu relié aux liquides pétroliers, produits qui sont habituellement extraits avec l’exploitation d’un puits de gaz naturel, comme c’est le cas en Alberta.
À notre avis, un forage moins coûteux et des prix plus élevés compenseront l’absence de revenus de liquides pétroliers. Nous pensons qu’il incombe au gouvernement d’établir des modalités fiscales justes ainsi qu’un système réglementaire efficace. Dans ce contexte, nous pensons que le projet peut être rentable.
Considérant l’ensemble de la présente situation, il est clair que nous ne sommes pas encore rendus à « l’heure de la Miller ».