Se débarrasser des hydrocarbures. Vraiment?

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Pour chaque problème complexe, il existe une solution simple, facile à comprendre… et erronée. Le 11 avril, nous avons de nouveau entendu qu’il existe une solution simpliste et facile à comprendre en regard des besoins énergétiques de notre société. Se débarrasser des hydrocarbures.

Les tenants de cette solution semblent regimber à apprendre qu’on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Que quand on prend une partie d’un tout, on prend aussi toutes les autres parties et que de dire non au développement revient à dire oui à l’austérité. Ce que nous aimerions savoir c’est de quels hydrocarbures parlent-ils lorsqu’ils recommandent de nous en débarrasser?

Parlent-ils des plastiques utilisés dans les cœurs artificiels, dans les cathéters médicaux et dans le reste de la médecine moderne? De ceux utilisés dans les téléphones cellulaires, les ordinateurs et les bouteilles d’eau?

Ou encore des hydrocarbures que l’on transforme en vêtements high-tech que nous utilisons pour faire du ski, de la randonnée, du cyclisme, de l’alpinisme ou du yoga?

Veulent-ils que l’on se débarrasse des hydrocarbures à partir desquels nous fabriquons des engrais qui aident à nourrir des milliards de personnes (il ne faut pas oublier que les hydrocarbures sont des molécules biodégradables naturelles et organiques particulièrement aptes à produire des fertilisants efficaces).

Ou peut-être suggèrent-ils d’éliminer les hydrocarbures utilisés dans la peinture, les solvants, les lubrifiants et les cires? Ou bien ceux utilisés pour paver nos chaussées.

Ils répliqueront peut-être qu’ils veulent simplement éliminer les hydrocarbures utilisés dans la combustion. Je ne peux m’imaginer qu’ils veulent parler de ceux dont on se sert en médecine, dans la voirie, dans l’électronique, pour nos vêtements, pour nos nettoyants et autres produits de tous les jours.

Ce faisant, que disent-ils de prendre un repas dans un bon restaurant de Montréal ou de Québec. Comme nous le savons, les plus grands chefs utilisent des cuisinières au gaz, car elles sont plus économiques et plus efficaces.

Peut-être parlent-ils des hydrocarbures utilisés dans les processus industriels qui ont aussi besoin de la meilleure énergie productrice de chaleur. Comme celle utilisée pour produire le fer, l’acier et le papier.

Ou considèrent-ils éliminer les hydrocarbures qui servent à produire de l’électricité dans les coins les plus éloignés des grands centres, comme aux Îles-de-la-Madeleine et dans le Nord-du-Québec.

Et pour le transport, ils n’aiment surement pas la mondialisation car ils doivent s’opposer aux carburants des bateaux que l’on utilise pour l’exportation et l’importation? Peut-être veulent-ils simplement éliminer les bateaux de croisière? Et les avions?

Ou peut-être veulent-ils que l’on ait seulement des voitures électriques propulsées par l’électricité solaire et éolienne.

En vérité, ceci peut être une erreur. Le vent est renouvelable, mais les éoliennes ne le sont pas. Ces appareils doivent être changés aux 15 ans. Une éolienne ne peut pas produire une éolienne. Donc, on ne peut soupçonner qu’ils veulent se débarrasser des hydrocarbures qui servent à faire le plastique et le ciment, deux composantes essentielles des éoliennes.

On peut imaginer que ce qu’ils veulent vraiment dire, c’est de rééquilibrer notre diète énergétique, en utilisant un peu plus d’éolien ou de solaire, et en utilisant un peu de moins d’hydrocarbures à émissions plus élevées par exemple.

Où cela mène-t-il? En tant que président de l’Association pétrolière et gazière du Québec qui reconnaît que notre société doit être plus efficace dans la réduction de ses émissions? Nous n’avons aucune idée quel pétrole ou quel gaz entrera dans la composition du plastique, des fertilisants, d’un poulet bien cuit, de pantalons de yoga ou dans une voiture. Alors, quelles ressources extraire et quelles ressources doit-on laisser dans le sol?

En tant que producteurs, nous ne savons pas comment ni où la ressource que nous produisons sera utilisée, notre solution est donc d’essayer d’être mieux avertis en tant que consommateurs.

De plus, nous ne pouvons que nous réjouir de pouvoir utiliser les hydrocarbures dans la médecine moderne, pour fabriquer nos vêtements, pour produire de la nourriture abordable et, oui, pour aussi nous mouvoir efficacement.