Plus vert que vert

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Ce n’est pas évident à première vue, jusqu’à ce qu’on y pense un peu mais le débat au Québec est passé à un autre niveau. Le débat n’est plus à savoir si le Québec devrait produire des hydrocarbures, mais bien comment. Le récent règlement sur l’eau a démontré que les trois partis politiques majeurs sont en faveur et que la question n’est désormais plus si le Québec devrait développer localement les hydrocarbures, mais comment aller de l’avant.

C’est en 2008 que j’ai réalisé pour la première fois que nous avions trouvé quelque chose de vraiment gros au Québec. Tout le monde allait être excité lorsqu’on réaliserait ce que ça signifie, pour le Québec. C’était plus propre pour l’environnement, bon pour l’économie et, par la même occasion, ça revigorerait la Vallée du Saint-Laurent, à l’origine le grenier du Canada.

Je me souviens avoir rêvé que peut-être Jean Charest avait mon numéro de téléphone, et donc qu’il pourrait m’inviter à Québec pour recevoir l’Ordre national du Québec.

Ce fût donc un choc de constater qu’il y avait des opposants. Il semble que les gens des villes et municipalités n’étaient pas au courant qu’il est très commun de trouver du gaz naturel dans les aquifères et d’être en mesure de faire enflammer son évier dans les régions rurales. Après les images saisissantes d’éviers qui s’enflamment dans Gasland, l’appel du premier ministre n’est jamais venu.

J’ai finalement reçu un appel du BAPE en 2010. Ils m’ont dit qu’il était impossible de déterminer si mon projet était sécuritaire ou non. Qu’il y aurait un moratoire, le temps qu’ils étudient la question. Toutes les études crédibles jusqu’à maintenant ont démontré que lorsque c’est fait de la bonne manière, la fracturation hydraulique est sécuritaire. C’est une évidence et nous avons un million de puits d’expérience qui le prouvent. Est-ce que le président Obama aurait fait du gaz naturel de schiste le point central du futur énergétique vert des États-Unis si ce n’était pas sécuritaire?

Je ne crois pas que la sécurité soit vraiment l’enjeu. Je pense que le vrai problème était que notre projet a dérangé la croyance populaire des Québécois qui depuis des générations, se sont fait dire qu’il n’y avait pas de pétrole ou de gaz au Québec. Les Québécois étaient des producteurs d’énergie verte; devenir producteurs d’hydrocarbures les ont fait sentir inconfortables.

Je dis à mes amis Norvégiens que c’est plus facile pour eux de comprendre pourquoi il y avait une réaction négative, au Québec. Les Norvégiens pensent qu’ils sont plus verts que vert parce qu’ils produisent des hydrocarbures mais ne les utilisent pas. De l’autre côté, les Québécois pensent qu’ils sont plus verts que vert parce qu’ils utilisent les hydrocarbures mais ne les produisent pas.

Vers la fin de 2010 nous avons commencé à parler aux Québécois de leur diète énergétique et comment elle pourrait être encore plus verte. Au début, dire ouvertement au Québec que vous supportiez le développement pétrolier et gazier, c’était un peu comme dire durant un cocktail en Norvège que vous pensiez que Georges Bush était un bon président.

J’ai lancé ce blogue pour démontrer qu’il était possible de supporter ouvertement le pétrole et le gaz au Québec, et pour offrir des réponses à nos supporteurs face aux arguments des opposants. Pourquoi si les tomates locales sont meilleures pour l’environnement,  ça ne serait pas aussi le cas pour le pétrole et le gaz local? Pourquoi ne retrouvons-nous pas des vaches mortes dans les fossés, en Alberta? Pourquoi le Québec est-il le plus gros consommateur de mazout lourd au pays?

Nous avons travaillé à bâtir une coalition silencieuse de gens qui étaient ouverts à entendre les faits. Après avoir rencontré des milliers d’alliés potentiels, la coalition silencieuse n’est désormais plus silencieuse. Les Québécois parlent maintenant ouvertement de développer le pétrole et le gaz local.

C’est un grand pas en avant que de parler de comment aller de l’avant avec le pétrole et le gaz, au Québec. Cette phase du débat ne sera pas plus facile et déjà,  les opposants se plaignent que la nouvelle loi pour la protection de l’eau ne va pas assez loin.

Je me sens un peu comme le jour où j’ai passé mon examen pour devenir comptable agréé. Mon père, lui aussi comptable agréé, m’a alors dit: « Michael, tu te sens peut-être comme si tu avais terminé mais en fait, tu es qu’au tout début. »