On m’a demandé à quelques reprises mon opinion sur le nouveau gouvernement en place au Québec. Bien que vous ne l’ayez peut-être pas fait vous-même, il me fait plaisir de la partager avec vous.
Il faut d’abord dire, d’entrée de jeu, qu’il s’agit d’une victoire convaincante pour le premier ministre élu Legault, avec 38% des voix dans une course à quatre. C’est à peu de choses près ce que les libéraux fédéraux avaient récolté dans une lutte à trois. C’est donc une majorité et un mandat forts.
Deuxièmement, je crois que les citoyens ont envoyé aux politiciens un message : les gens ordinaires sont préoccupés par les enjeux quotidiens. L’économie est importante parce qu’elle a un effet direct sur leur qualité de vie. En d’autres mots, vous ne pouvez pas sauver la planète si vous n’avez pas d’emploi et que vous ne pouvez payer votre logement.
Troisièmement, le virage à gauche du premier ministre Couillard n’a pas amené le support souhaité. Les libéraux ont enregistré leur plus faible résultat de récente mémoire. Il avait amorcé son mandat avec une bonne performance sur l’économie. Mais il semble avoir été hypnotisé par les vedettes de la lutte aux changements climatiques comme Al Gore à COP#21 (en anglais j’utilise le terme « Gorestruck »), et dès lors a cherché à se comporter comme une étoile mondiale du mouvement environnementaliste. Sa vendetta personnelle contre un petit producteur comme Petrolia et sa décision ultra vires de bannir unilatéralement le développement pétrolier et gazier ont reflété cette volonté.
Au fur et à mesure de son mandat, il a semblé de plus en plus préoccupé par les réactions des élites plutôt que celles des gens ordinaires. Comme l’a dit l’ancien premier ministre Charest, il a complètement cédé le terrain de l’économie à la Coalition Avenir Québec. Il sera intéressant de voir si les Libéraux demeureront à gauche comme l’a fait Kathleen Wynne en Ontario ou s’ils chercheront à revenir au centre avec le prochain leader.
Quatrièmement, les préoccupations manifestées par les élites constitueront un challenge pour le nouveau premier ministre. Les grands médias au Québec vont tenter de l’amener sur ce terrain car ils partagent ces préoccupations dont ils se font les porte-voix. Les médias demeurent puissants dans l’environnement public au Québec, en partie parce qu’ils n’y subissent pas la même compétition qu’au Canada anglais ou aux Etats-Unis.
Enfin, la vraie question que les gens me posent est : qu’est-ce que cela signifie pour le développement du gaz naturel au Québec. Le premier ministre Legault a été sans équivoque pendant la campagne en affirmant qu’il ne pourra y avoir de développement sans acceptabilité sociale. Je dis moi-même depuis cinq ans que nous ne ferons pas de projets dans les communautés qui n’en veulent pas. Nous nous concentrons donc sur l’acceptabilité locale.
En résumé: un gouvernement qui mettra l’accent sur le développement économique, avec un mandat fort, qui veut faire bénéficier les Québécois du gaz naturel est un pas dans la bonne direction. Nous poursuivons donc notre approche pas à pas.