Drôle de manière de gérer une superpuissance énergétique

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L’édition du 22 juillet du Globe and Mail 2015 a présenté de nombreux articles au sujet de l’industrie pétrolière et gazière : 

Les banques alimentaires d’Alberta à court de nourritures dans les petites municipalités.

Problème de vente de gaz naturel pour les producteurs, car la capacité des gazoducs est trop faible.

Record de locaux vacants dans les tours à bureau de Calgary. 

Temps difficiles pour le secteur des hydrocarbures, car les marchés demeureront bas

Tous ces articles parlent de la chute des prix du pétrole, mais aucun ne traite du vrai problème auquel le Canada fait réellement face.

Le véritable problème est que ce sont les États-Unis qui ont le monopole sur notre approvisionnement en pétrole et en gaz. Les États-Unis achètent quotidiennement leur pétrole de l’Arabie Saoudite, du Vénézuéla et du Nigéria aux prix mondiaux courants. Au même moment, dépendant de la journée, ils achètent le pétrole canadien pour environ 15$CDN en dessous de ce prix courant.

En conséquence, le Canada se trouve à subventionner les achats d’hydrocarbures américains à hauteur d’environ 20 milliards de dollars canadiens par année. Pire, c’est le gouvernement qui empoche les impôts sur cette subvention détournée, plutôt que le gouvernement canadien. Nous perdons ainsi 6 milliards de dollars en taxes et redevances. Un montant qui serait suffisant pour éliminer complètement le déficit albertain, par exemple.

Bon nombre d’entreprises canadiennes affirment qu’elles seraient pleinement concurrentielles si seulement elles recevaient le prix mondial actuel de 72$CDN le baril, plutôt que le 60$CDN actuellement payé. Et pour le pétrole lourd, le manque à gagner est encore plus important.

La même situation se répète pour le gaz naturel. Le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) a grossi de 32 milliards de pieds cubes par jour (bcf). La part de marché du Canada dans cette croissance : 0%. Pourquoi? Parce que notre gaz naturel est entièrement captif du marché américain.

Le problème n’est pas qu’envers les États-Unis. L’est du Canada achète massivement son pétrole de pays étrangers aux prix courants, tandis que les États-Unis l’obtiennent à rabais. Le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick vont même jusqu’à acheter de ce pétrole à ces mêmes Américains! Ainsi, le Canada vend à petit prix, pour racheter à gros prix.

À cause de cela, le Québec, tout comme ses voisins des Maritimes, a un problème d’importation de ses hydrocarbures. Le secteur industriel, et tous les autres consommateurs paient un prix surélevé, pour un pétrole qui est extrait dans des pays peu fiables sur le plan environnemental, et qui engendre des émissions de GES plus grandes à cause des distances de transport. La nouvelle politique énergétique du Québec doit absolument tenir compte de cela.

L’Alberta, de son côté, a un problème d’exportation de ses ressources, que son nouveau gouvernement tente de régler via la taxation.

Le 20 milliards de pertes dont je parle ne tient même pas compte les coûts de la baisse de compétitivité du Québec et de l’Est du pays en raison du fait que nous payons trop cher nos hydrocarbures.

C’est sans contredit une des pires manières de gérer une superpuissance énergétique. Une superpuissance est une superpuissance, car elle s’applique à protéger ses intérêts stratégiques. Non seulement nous ne pouvons pas vendre notre pétrole et notre gaz aux meilleurs clients, nous sommes mêmes incapables de nous le vendre entre Canadiens !

Pourtant, la solution est à 100% entre nos mains. Nous devons simplement faire ce qui est dans l’intérêt du Canada, et non ce qui est dans l’intérêt des États-Unis. Nos produits agricoles, nos ressources minières, les produits de notre foresterie sont vendus partout dans le monde, aux prix du marché. Il est grandement temps que ce soit la même chose pour nos ressources en hydrocarbures.

Comme les articles du Globe and Mail l’indiquent, les Canadiens paient un prix trop élevé, car ils ne peuvent avoir accès au prix juste.