Le Canadian Energy Research Institute (CERI), un organisme indépendant, a récemmentpublié une étude sur l’incidence économique de la découverte de gaz naturel dans l’Utica, au Québec.
Dans mon dernier blogue, intitué Le développement du Québec pénalisé, je suggère que le Québec devrait, du moins temporairement, conserver davantage des profits liés au développement de ses ressources. J’ai proposé une réforme de la péréquation à l’image de l’entente qui a si bien fonctionné pour l’économie de Terre-Neuve.
Les stéréotypes sur les Albertains sont si bien enracinés que Le Devoir et de nombreux autres ont présumé à tort que je chantais le vieux refrain de la réduction de la péréquation. En fait, j’affirmais tout le contraire, soit qu’il nous faut plutôt une approche positive et incitative. Il appert que cette vision pourrait signifier bien plus que je ne le croyais, pour les revenus de l’État.
Selon l’étude du CERI, la découverte de gaz naturel dans l’Utica pourrait entraîner des répercussions beaucoup plus importantes sur l’économie et les impôts qu’on ne le croyait de prime abord.
Le rapport porte sur deux modèles échelonnés sur une période de 25 ans. Le premier prévoit la production quotidienne de 500 millions de pieds cubes de gaz naturel, ce qui équivaut pratiquement à la demande quotidienne moyenne de gaz au Québec, actuellement. Le second est fondé sur une production quotidienne de 1,5 milliard de pieds cubes, ce qui impliquerait que le Québec exporterait fort probablement du gaz naturel.
L’étude confronte aussi les prix de vente au seuil de la rentabilité à trois modèles de productivité. Selon les estimations les plus favorables, le prix de vente au seuil de la rentabilité se chiffre à seulement 4,14 $ par millier de pieds cubes, un prix inférieur au prix du gaz naturel actuel dans la province. Si ce scénario se concrétisait, la découverte de gaz naturel dans l’Utica serait donc rentable actuellement.
Selon le modèle fondé sur une production quotidienne de 1,5 milliard de pieds cubes, cette nouvelle ressource aurait une incidence sur le PIB de l’ordre de 112 milliards à l’échelle nationale, créerait 44 000 emplois dans des secteurs de pointe et générerait 31 milliards de dollars en recettes fiscales. La grande majorité des retombées profiteraient alors au Québec.
Même selon les prévisions les plus pessimistes, le bilan est percutant : 37 milliards de dollars au PIB, 14 000 emplois de pointe et plus de 10 milliards de dollars en nouvelles recettes fiscales.
Le plus incroyable, c’est que l’exploitation locale du gaz naturel de l’Utica serait plus écologique que les sources que le Québec utilise à l’heure actuelle.
Imaginez : un environnement plus propre, une économie en plein essor, de nouveaux emplois et une augmentation des recettes de l’État. Une entente sur la péréquation à l’image de celle conclue par Terre-Neuve permettrait au Québec de conserver une plus grande part de ses revenus pour développer son économie. C’est bien plus que ce que je croyais.